Faire reconnaître ses qualifications

Les difficultés à obtenir la reconnaissance des diplômes et de l’expérience acquise à l’étranger sont des obstacles majeurs pour l’insertion en emploi de ceux et celles qui immigrent à Québec. La complexité des démarches, les délais d’attente et surtout l’impossibilité d’obtenir une reconnaissance entière de leurs études sont confirmées par les témoignages que nous avons recueillis et par de nombreuses recherches. Beaucoup ont le sentiment de vivre un paradoxe : leurs diplômes ont favorisé leur admission au Québec et au Canada, mais, une fois sur place, ceux-ci sont dévalorisés sur le marché du travail.

Pour la majorité des professions, c’est l’employeur.euse, au cours du processus d’embauche, qui détermine si les diplômes et les expériences du ou de la candidat.e correspondent au poste à pourvoir. Lorsque cela pose un défi, elle ou il peut avoir recours à des services d’évaluation des diplômes pour mieux comprendre la formation acquise à l’étranger ou bien à des services de vérification des références à l’international. Dans certains domaines, le ou la responsable de l’embauche peut même proposer un test fondé sur les compétences à l’étape de l’entrevue.

Devant les difficultés à voir leurs acquis reconnus, beaucoup de personnes immigrantes adoptent la stratégie de la requalification, c’est-à-dire l’obtention d’une certification auprès d’une institution québécoise. Celle-ci implique alors un retour aux études à temps plein ou à temps partiel, allant de quelques semaines à plusieurs années. Les coûts de la requalification peuvent être importants et renvoient souvent à la difficile conciliation famille-étude-travail.

Ceux qui désirent accéder à une profession réglementée doivent de leur côté se conformer aux exigences de l’organisme chargé d’appliquer la loi. Les démarches varient considérablement d’une profession à l’autre et elles peuvent être de véritables barrières à l’insertion de personnes immigrantes au Canada.

Concrètement, la non-reconnaissance des diplômes et de l’expérience et les conditions d’accès à certaines professions réglementées causent un taux d’emploi plus bas, une accentuation des inégalités, un taux plus élevé de surqualification et un sentiment de frustration qui peut nuire à l’intégration socio-professionnelle. Cette sous-utilisation des compétences des personnes immigrantes entraine ainsi un important manque à gagner en termes de croissance économique.

Pour aller plus loin

OTMANI, Rim. Discrimination à l’embauche et sentiment de racisme: le cas des médecins algériens à Montréal. Nouvelles pratiques sociales, 2021, vol. 31, no 2, p. 82-100.

MORIN, Sarah. Le rôle des ordres professionnels dans l’intégration des immigrants qualifiés à travers le processus de reconnaissance des acquis et des compétences: les cas de l’Ordre des ingénieurs et du Collège des médecins du Québec. 2015.